comme t'es pas venu me réveiller
j'ai rangé devant la cheminée
mes souliers de vair
posé en haut de l'escalier
tes playboy et ton oreiller
tes petites affaires
et j'ai shooté dedans
1-0 à la mi-temps
je croyais, pauvre de moi
que tout allait dégringoler
un oreiller, c'est plus solide que ça
c'est moi qui me suis effondrée
j'attendais depuis mon armée
un prince dûment mandaté
qui ferait le ménage, la cuisine,
le repassage, enfin la routine
s'occuperait des gros travaux
et peut-être parfois des marmots...
mais j'ai opté sur un coup de tête
pour un vintage trop poussiéreux
pour être honnête
qui me rappelait sans doute vaguement
un grand-oncle de soixante-quinze ans,
une tapette
morte au combat
du pliage de draps
t'avais un arrière-goût de bière
qui arrive toute seule sur son plateau
accompagnée de son couvert
et pile à l'heure de l'apéro
tout au fond de mon ciboulot
dix-huit générations de femmes
crucifiées au mélodrame
applaudissaient mon manque de pot
me suis réveillée comme une grande
sans réveil et puis sans attendre
les pieds dans le même sabot
suis venue t'attendrir l'ego
mes ancestrales pas dégourdes
je leur ai froissé les esgourdes
t'ai envoyé bénir leur mère
en position de lavandière
les plumes se sont envolées
ça faisait joli sur le pré
assez romantique pour pleurer
quand le rideau est retombé
et donc match nul à la fin
suis repartie toute coquette
les poches pleines de cacahuètes
à distribuer au prochain...